Nous atterrissons sur l’île de Pâques, un réel bonus chargé d’émotions dans un tour du monde ! D’autant que la quasi nuit blanche provoquée par le départ tardif de Tahiti et le décalage horaire exalte toutes nos impressions.
L’île n’a qu’un seul village : Hanga Roa où nous connaitrons peut-être le meilleur accueil dans une auberge depuis le début du tour du monde. Nous ne savions pas à quoi nous attendre. À part les fameuses statues Moaï, nous avions plutôt en tête une île aride et un peu morne. Il n’en est rien.
Notre hôte nous offre un petit déjeuner, nous sommes aussi désappointés qu’amusés de voir qu’il refuse que l’on parle espagnol – après toutes ces révisions dans l’avion ! Car pour lui ce sont les chiliens qui parlent espagnol mais pas les Rapa nui qui doivent parler « au pire » anglais ou français.
Notre hôte ensuite nous ordonne d’aller dormir car demain nous « avons une grande journée de marche », nous nous exécutons. Nous aurons le soir un repas gargantuesque de poissons grillés, de soupe, de pain, de salade du pays et une sorte de pommes de terre (dans la forme) appelée taro.
La ville est un peu rustique mais pleine de charme, surtout au bord de mer, avec ses surfeurs intrépides au coucher du soleil, les pêcheurs qui viennent vendre leurs poissons plus que frais et enfin la chaleur et les sourires du peuple Rapa nui.
Le lendemain nous partons pour une journée de marche vers le sud, en direction du volcan Orongo.
Un sentier longe le bord de mer qui regroupe quelques sites remarquables de l’île. Retenons la grotte où des pétroglyphes sont présents sur les parois et bien sûr les Moaïs qui reposent sur des ahûs.
Nous passons par un petit port où nous assistons au… découpage d’un thon blanc d’une centaine de kilos que les habitants et commerçants viennent acheter. Les entrailles sont jetées aux tortues de mer… la scène est un peu violente mais on ne peut rester qu’admiratif en se demandant comment les deux pêcheurs ont pu ramener une bête si énorme avec leur petite barque. On est loin du chalutier qui mouille au large. Au passage, trente pour cent des espèces sous-marines de l’île de Pâques est unique et du même coup endémique !
Mais la plongée, ce sera la prochaine fois. Nous traversons des chemins gagnés par la végétation. Nous saurons reconnaitre des acacias, des tamanus, des orchidées. Il fait très chaud, la dernière montée bien raide nous mène à Rano Kau, un cratère de deux cent mètres. La vision est inattendue et pour une fois comme disent souvent les guides : nous en avons le souffle coupé.
Derrière le volcan, le village d’autrefois Orongo. Qui depuis cette année, a vu son accès payant à un prix réellement prohibitif – l’équivalent de trois jours de visite à Pétra en Jordanie… pour une demi-heure de visite, mouais. Même les Rapa nui ne comprennent pas cet excès de l’administration chilienne.
Bon passons. Parlons donc d’Orongo, qui était le site de la cérémonie de l’homme-oiseau. Pour faire court, les Rapa nui étaient divisés en clan. La religion principale, basée sur les Moaïs en tant que protecteurs de l’île, a connu une révolution et est apparu le culte de l’homme oiseau. Les Moaïs, tout mignon soient-ils, se sont vus vandalisés, renversés, brisés, oubliés. Oui les prochains articles pourrons heurter, mais pas autant que ce qui va suivre…
Et s’est donc mis en place un curieux rituel selon lequel les prétendants au poste de grand chef de l’île devaient traverser la mer, à la nage, depuis Orongo jusqu’au motu où les mouettes sacrées venaient pondre. Le premier à trouver un œuf et à le ramener, sans se faire digérer par les requins, devenait le chef. Au passage, il avait l’immense honneur de déflorer publiquement l’une des vierges qui avaient passé cinq mois dans une grotte (avant que d’y être replongée encore quelques mois). Autant ne pas aborder ce qu’il se passait dans la grotte…
Soit. On s’attardera sur les Moaïs les prochains jours, sont bien plus mignons et c’est bien à eux que l’on pense en dégustant le soir un excellent ceviche, sorte de tartare de poisson, accompagné d’une bière locale.